La Clé des Champs - Bonus : Making Of
"Notre envie n’était pas de faire des documentaire didactiques. Nous voulions une expression beaucoup plus libre, qui soit une invitation à la rêverie." Non ce n'est pas Microcosmos que les deux réalisateurs de Microcosmos nous resservent là. Et comment filmer des insectes sans paraphraser Microcosmos ? "Imaginer un film dont le seul sujet serait la nature et les animaux, sujet que nous avions déjà exploré, ne nous enthousiasmait pas. Par contre, l’idée de relier cet univers à celui de l’enfance nous passionnait. (…) On ne naît pas en harmonie avec le monde des humains. Il faut en comprendre les codes et accepter d’y entrer. La nature aide les enfants à trouver leur place dans le monde." Et c'est à retrouver cette part d'enfance qu'ils convient les plus grands, avec l'imaginaire comme guide. La nature devient le territoire émotionnel de l'intime. Et pour ceux que le lâcher prise d'une plongée en eaux douces, féériques et nostalgiques ne tenteraient pas d'emblée, il y a une autre raison de voir ce film : le formidable exploit de la capture des images de la mare… L'infiniment près et pourtant si difficile à saisir…
Le tournage lui-même a duré trois ans et demi durant les printemps et les étés. Et les réalisateurs ont choisi la région qu'il connaissait intimement.
"Au-delà d’une beauté et d’un climat, depuis des années, nous avions
repéré et mûri de nombreux paramètres comme la bonne lumière, la bonne
heure. Pourtant, nous n’avons pas trouvé la mare
du film nous-mêmes. Pascal Arnaud, garde d’environnement, devenu depuis
notre ami, l’a découverte sur le Larzac. Nous avons eu le coup de
foudre ! Cette mare est idéale car toutes les espèces de batraciens y
vivent. L’endroit concentre tout, les oiseaux, une richesse incroyable
qui nous offrait à la fois le décor et les animaux."
"On peut être à la caméra pendant cinq heures, prêt à déclencher et rien ne se passe. À la longue, on entre dans un état second, à l’affût du bon mouvement. Au moment où il se produit, nous vivons quelque chose d’intense, déjà impatients de le partager. Ce sont des moments de grâce que nous cherchons. Nous tournons de façon très proche de la fiction sauf que nos acteurs ne sont absolument pas maîtrisables. Il est impressionnant de constater à quel point chaque animal est individualisé. Ce sont de vraies personnalités. Même des animaux aussi rudimentaires que des larves de dytique, avec leurs grosses mandibules, accrochées sous l’eau, arrivent à se distinguer clairement les unes des autres."
Mais ils n'auraient pas pu avoir des images de qualité qu'ils recherchaient s'ils n'avaient pas tourné certaines scènes en aquarium.
"Nous avons reconstitué une mare dans un aquarium géant pour les tritons et les créatures du fond de l’eau. Obtenir des eaux troubles, de la vase, des choses en suspension qui captent la lumière en contrejour demande du temps. nous avons filmé en 35 mm et utilisé tout un arsenal de caméras et de systèmes de prise de vues télécommandés, endoscopiques pour obtenir les plans que nous cherchions. "
Montage de citations réalisé à partir de l'interview fournie dans le dossier de presse du film - et c'est la suite de ce que je vous avais annoncé dans cet autre billet intitulé "Prendre la clé des champs"
L’expression « prendre la clé des champs » existe depuis plus de deux siècles. elle évoque l’envie de s’enfuir, de quitter les lieux clos qui nous emprisonnent pour gagner les champs infinis de la liberté.